dimanche 26 février 2012

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage Comme au fond de mon coeur un doux coeur courtisé ; Et que rien, ni le temps, d’autres amours, ni l’âge, N’empêcheront jamais que vous ayez été. Que la beauté du monde a pris votre visage, Vit de votre douceur, luit de votre clarté, Et que ce lac pensif au fond du paysage observe vos dépassements, vos exces Vous ne saurez jamais que j’emporte votre âme Comme une lampe d’or qui m’éclaire en marchant ; Qu’un peu de votre voix est passé dans mon piano. Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme, M’instruisent des sentiers que vous avez suivis, Et vous vivez un peu puisque je vous survis.

"Poème pour une morte" (1929) extraits du recueil Les Charités d’Alcippe, de Marguerite Yourcenar

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