jeudi 8 février 2007

NAUFRAGE


En dépit d’une brise d’est forte et vigoureuse,
calme est la mer, neuves sont les voiles.
Par l’étambot j’examine l’union langoureuse
D’un couple contemplant amèrement une toile.

Quand la mer bouscule l’équilibre du chevalet,
Des reflets d’argent naviguent sur le tissu moqueur.
Le paysage s’anime et prend des teintes salées,
Qui irritent les yeux et provoquent des pleurs.

Soudain, l’édifice s’incline dans un grincement railleur,
Et laisse échapper brutalement sa voile tangonnée
La peinture laisse alors dans un bouillonnement de couleurs
La trace délébile d’une image profanée.

Alors les mots volent lentement autour du navire.
Frénétiquement, des bonites rattrapent l’étrave,
pour mieux contempler la cloche qui chavire
Dans un beau chuchotement grave

[Adoonis le 18 Janvier 1990]

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